Jace et ses gouzous

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Gouzou de la rue Babet, à Saint-Pierre. Le joli losange à côté est l’oeuvre d’un autre graffeur.

Les gouzous sont les personnages fétiches de Jace, un street artist réunionnais. Ils ont un physique très caractéristique: une tête ovale, un petit corps et quatre membres. Pas de pieds, pas de mains, et surtout, pas de traits du visage. Pour Jace, c’est une façon de permettre à tout un chacun de s’identifier, ou d’imaginer ce qu’il veut. La particularité la plus frappante du gouzou est sa couleur: un ocre uni mêlant le jaune, le marron, le beige. Cette couleur indéfinissable renvoie au métissage réunionnais. Car le gouzou est né sur notre île, à la fin des années 1990, même si son papa est havrais. Il évolue dans un univers enfantin, amusant, aux couleurs tendres. C’est une façon pour le graffeur d’amener un peu de beauté, de légèreté et d’humour sur des murs délabrés, dans des zones urbaines laissées plus ou moins à l’abandon. Depuis sa naissance, le gouzou a beaucoup voyagé et se produit sur les murs du monde entier. Jace est un artiste reconnu maintenant, ce qui ne l’empêche pas de continuer à peindre incognito, notamment sur des encarts publicitaires qu’il détourne.

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Il y a quelques années, Jace a monté un projet pour aller peindre à Madagascar, une sorte de résidences d’artistes, aux environs d’Ifaty, sur la côte sud ouest de la grande île, où les pêcheurs sont très pauvres. Le groupe d’artistes (Jace était accompagné d’un graffeur réunionnais et d’autres de nationalités diverses) avait amené des voiles neuves, qu’il échangeait contre les vieilles sur lesquelles chacun a peint, au milieu de la population. A la fin, toutes les barques aux voiles peintes ont été mises à l’eau, et c’était fantastique de les voir se croiser sur la mer.

Jace est très connu sur notre île, un documentaire lui a été consacré récemment à la télévision, réunion première, pour saluer la sortie de son dernier livre.

https://la1ere.francetvinfo.fr/jour-jace-pere-du-gouzou-521659.html

On peut voir ses tableaux et des produits dérivés à l’usine à gouzous à Saint-Pierre. Mais on peut le croiser au détour de n’importe quel mur de l’île. Ses fans chassent le gouzou dans toute l’île et photographient le précieux bonhomme dès qu’ils le croisent. Ils sont ravis quand ils en découvrent un nouveau, comme celui-ci, qui a fleuri sur un mur de Saint-Pierre encore tout récemment:

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Si vous voulez en savoir plus et découvrir les gouzous du Havre, rendez-vous ici:

http://www.lemonde.fr/arts/visuel/2017/09/22/street-art-jace-un-gouzou-dans-la-ville_5189860_1655012.html